Dabimbaboo

D'un point de vue philosophique, l'anarchie veut simplement signifier qu'il n'existe pas de principe premier ( de dieux, fussent-ils du commerce), et encore moins de prérequis à l'organisation humaine (un ordre social prédéterminé). Bien que chacune ou chacun soit porteur de sa propre loi, nous vivons nos singularités dans un "monde commun", sans distinction d'origine, de croyance, de sensibilité politique ou de couleur de peau. Ce sont les rapports sociaux qui produisent de l’idéologie et non l’inverse.
L'UN ne s'exprimant que dans le MULTIPLE, aucun citoyen ne peut être le peuple, puisque ce dernier est un multiple.
D'où une immense responsabilité : ma liberté commence là où commence celle de l' autre. Contrairement à la bonne conscience qui voudrait que cette liberté s'arrête là ou commence celle de l'autre ! Le piège de l'individualisme est dans ce credo égoïste. La liberté individuelle mène à la barbarie si on reste à la définition " s'arrête là où commence celle des autres ", car c'est opposer l'individu à la société dans laquelle il vit, ce qui est un concept dans l'ordre parfait de l'idéologie de l'Etat.
La richesse de l'anarchie réside dans la diversité de son expression. Ce qui anime un anarchiste, quel qu'en soit la tendance, c'est une certaine philosophie, née d'un monde pratique : entraide, autonomie, autogestion, insubordination, consensus, etc. C'est à ce titre qu'il est impossible, dans l'ordre social anarchiste, de désespérer des situations et des hommes.
Le refus de vote électoral est un faux prétexte pour définir un anarchiste, car il doit être contextualisé : est un piège à con toute élection qui pérennise une politique d'exclusion du peuple des centres de décision et d'application.
Cet autre qui n'est pas moi

La périphérie de notre « monde commun » crève sous une inexorable insécurité, dont nous ne sommes pas étrangers. Quant elle ne meure pas sous la dictature des armes et de la famine, comme dans la Corne de l’Afrique, ses enfants se "réfugient".
Aussi, venant de je ne sais où, peut-être de Lampedusa ou encore de Chios, l'autre est là.
Une distance nous sépare. La même qui préside en moi, quand le « je » parle au « soi » aliéné. Or, cet étranger que j’observe, qui n’est pas moi, voit mon visage tel que moi-même je ne le verrais jamais. A travers l'oeil humide de cet autre, je fais la découverte la plus étrange qui soit : moi-même comme un autre.
Nul doute. C’est bien mon frère en humanité, dans la plénitude de notre étrangeté réciproque.

Philosophie de l'anarchie
« Le mot ANARCHIE a été pendant longtemps en fort pris en mauvaise part. De même que sous Louis XIV, les bourgeois du Marais ne concevaient pas qu’il pût y avoir des Etats subsistant sans un monarque à leur tête, de même, sans s’en tenir à l’étymologie qui dit simplement : AN ARCHIE absence de gouvernement, la pensée qu’un homme puisse être autonome, c’est-à-dire autre chose qu’un pantin, mû par un autre homme, paraît renversante à ceux qui ont végété toute leur vie avec cette idée reçue de leurs ancêtres : Il est indispensable qu’il y ait un gouvernement, c’est-à-dire une minorité d’individus chargés de mener la majorité et de penser pour elle. Et cependant quel homme de bon sens, de bonne foi, pourrait nier que la vraie liberté, cette liberté dont on trace le nom sur les murs et que l’on cherche toujours à atteindre, consiste à être maître absolu de sa personne et de sa volonté, l’indépendance de chacun assurant naturellement l’indépendance de tous. » Philosophie de l’anarchie (1888 – 1897), 3e édition, Charles MALATO.
Manifeste
L'anarchie n'est rien d'autre que l'expression vraie de l'ordre social.
Qui dit anarchie, dit ordre social.
Qui dit ordre social, dit fraternité.
Qui dit fraternité, dit égalité.
Qui dit égalité, dit souveraineté de chacun.
Qui dit souverainenté de chacun, dit liberté individuelle.
Qui dit liberté individuelle, dit affirmation du peuple.
Qui dit affirmation du peuple, dit négation du gouvernement.
Qui dit négation du gouvernement, dit anarchie.
Selon Anselme Bellagarigue, mais lu en sens inverse.

Anarchie économique
Denis Baba
Atelier de création libertaire